Lorsque nous lisons l’Ecriture sainte, nous sommes régulièrement et d’abord confrontés à la lettre de l’Ecriture : son sens premier et littéral. Mais ce sens est déjà spirituel. Ce langage nous ouvre en vérité aux autres sens spirituels des paroles d’or de la Bible. Nous n’inventons pas la vérité : nous la recueillons parce qu’elle nous précède. Dieu parle et nous dit : « Schema Israël… » (Dt 6,4). Dans la parole révélée, nous sommes invités à écouter, à comprendre, à interpréter. Ainsi après le sens littéral, passons-nous avec souplesse et pour une meilleure richesse d’interprétation aux sens allégorique, tropologique et anagogique par exemple du « corps » dans les Ecritures. La vérité tout entière est dans le déploiement harmonique des quatre sens de l’Ecriture.
Il existe bien une anthropologie judéo-chrétienne avec des variations de thèmes et d’insistance selon des thèmes considérés. Les textes bibliques parlent de Dieu et de son alliance avec les hommes. Ils évoquent la vie, l’amour, la mort, les combats d’un peuple, les décisions des hommes, des sentiments humains, et des événements sociaux tels les fêtes et les élans religieux : tant de choses… Si Dieu se révèle en Jésus, l’Homme-Dieu, il dit quelque chose du visage de tout être humain. Le mystère de l’Incarnation éclaire particulièrement la vision que l’on peut se faire sur l’homme. Sur la naissance et sur la mort, des affirmations s’énoncent. Sur le corps humain, des révélations s’offrent aussi à notre intelligence et à notre mémoire. Elles sont à la fois riches et complexes. Les circonstances de la naissance et de la mort de Jésus nous sont racontées et elles éclairent directement ou indirectement la vie de tout homme. L’interprétation des événements (gestes et paroles du Christ) qui le concerne, doivent tenue en compte pour la description du corps humain dans la « logique » ou l’herméneutique des quatre sens de l’Ecriture. Essayons d’en évoquer quelques traits.
Relisons ces différentes significations du « corps humain » à la lumière de cette logique herméneutique et mettons en évidence la beauté des différents charismes qu’il peut exprimer et déployer.
« Un corps vivant et particulier » (sens littéral)
Dans la Bible et dans la création, nous ne rencontrons pas des fantômes ou des âmes errantes mais des êtres vivants. Le corps humain occupe toujours un espace et un temps. Les réflexions philosophiques au fil des siècles et la sagesse des peuples soulignent cette réalité et en montrent le caractère décisif. Le corps humain appartient au monde « visible », même s’il recèle un mystère qui le dépasse. « Mes os ne t’ont pas été cachés lorsque j’ai été fait dans le secret, tissé dans une terre profonde » (Ps 139,15). Le corps humain se reconnaît et se distingue de manière commune d’autres objets. Les lectures bibliques en sont aussi un témoignage : l’homme n’est pas sans son corps. Dans le monde des vivants, il se reconnaît également : un homme voit la différence d’avec un autre homme et un animal ou un morceau de bois. D’ailleurs le Créateur lui-même confie cette création à l’homme et lui demande de « nommer » tout le vivant (Gn 2,20).
Même si l’homme ne se réduit pas aux apparences de son corps, son corps est bien « lui » : il nous indique sa présence et nous livre une identité particulière dans l’ordre de la création. Son corps est aussi « à lui ». Tout homme a un corps. Il lui appartient. Les autres êtres vivants opèrent cette distinction et sans une longue élaboration réflexive, voient cette différence entre le corps humain et d’autres corps, entre le corps d’un homme vivant et le corps sans vie : in habité. D’ailleurs le corps mort est nommé différemment : il devient un cadavre. Et le cadavre humain est encore présence (sous le mode du souvenir) puisqu’il est honoré. Il est signe d’une présence dans la mémoire qui rend présent le passé. Et à ce titre il continue à affecter le présent.
Car la lettre du corps d’un homme en vie, dit aussi une présence d’un être d’esprit, de la personne qu’il est « en son corps ». Ainsi les formes et les attitudes du corps humain disent-elles toujours plus qu’elles-mêmes : elles disent l’esprit de l’homme qui l’habite. Elles disent toute la personne, particulièrement dans sa relation aux autres. Cette habitation est présence : elle dit l’esprit qui est en elle et transcende les apparences suivant lesquelles nous pouvons rencontrer l’être humain à travers les saisons de sa vie et de sa croissance. Ainsi par la lettre de son corps, l’homme dit qu’il existe dans l’univers et qu’il n’est pas interchangeable. Il est bel et bien unique !
Il dit aussi, dans un chemin de compréhension progressive, « qui il est » dans ce monde des objets et sa radicale différence d’avec ces derniers. Par ailleurs, tout être humain à la fois apprend et sait reconnaître dans la lettre du corps humain, son semblable. Celui que nous considérons et que nous rencontrons en son corps, nous sommes appelés à le reconnaître comme un être humain dans les multiples apparences de ce corps : depuis l’état embryonnaire jusqu’aux limites imposées par les années et les maladies à telle ou telle personne. La connaissance d’autrui dans sa différence passe toujours par son corps. C’est en son corps que nous respectons et aimons les autres.
Cette reconnaissance de la lettre du corps humain passe toujours à la fois par la raison et par le cœur. La raison humaine nous donne de comprendre l’identité humaine du corps, en toutes circonstances, autant dans la forme extérieure qu’à travers les analyses des empreintes digitales ou qu’à travers la considération de son code génétique. Le cœur et la raison consentent à faire foi dans la présence parfois bien cachée de l’être d’esprit en ce corps, particulièrement au commencement et à la fin de sa vie ou devant certains handicaps. Si, par ailleurs, nous sommes appelés et rendus capables de reconnaître un autre que nous-mêmes, mais de même corps, dans tel ou tel corps humain, nous attestons pour lui et pour nous cette présence spirituelle qui nous habite et fait de nous des êtres distincts du monde des objets, en même temps que semblables et égaux en humanité[1].
Le temps lui-même est marqué par les corps humains à travers l’existence et le respect des générations. De générations en générations, les familles se distinguent et écrivent une histoire. « Fils ou fille de … » signifie le passage du passé au présent et l’espoir d’un avenir. Ces fameuses « toledots » (engendrements, générations) dans l’histoire familiale du peuple de l’Alliance attestent que l’histoire humaine est finalisée et que les corps personnels connus et respectés ont une signification non pas seulement généalogique, génétique, mathématique. L’histoire ne tourne pas en boucle, mais elle est finalisée pour chaque être humain. Ces générations marquent le temps des vies qui passent et montrent que le temps est humain : il est aussi une « créature »[2] : le temps est inscrit dans la chair de l’homme et il renvoie toujours à Celui qui récapitule tous les temps en Lui. Les générations qui passent disent comment l’homme espère des retrouvailles éternelles. La vie se transmet non pas comme un en soi ou un rite biologique, mais comme un mouvement qui inclut l’humanité dans une unité espérée. Il revient à Dieu de nous en donner des indices, ne fut-ce que par l’éveil (qui n’est pas qu’instinctif) des sentiments parentaux et filiaux.
L’homme est son corps sexué (sens allégorique)
Que l’être humain ne soit pas un pur esprit, mais une personne en son corps nous indique aussi profondément qui il est : ni un ange ni un animal ! Le corps est une condition commune pour définir l’homme, sa nature, ses actes. Aucune anthropologie ne peut faire abstraction d’une réflexion sur le corps : celui qui réfléchit et celui à qui on parle sont toujours en leur propre corps ! L’être humain « est » aussi son corps. Ne considérer que son esprit ou son âme, c’est réduire le mystère qu’il est. Le corps définit l’homme, même dans les changements qu’il subit avec le temps qui passe. Sans corps, pas d’histoire reconnue ou partagée. De plus en ce corps soumis aux changements (ces changements nous sont parfois imposés au cours de la croissance et du vieillissement, mais certains dépendent aussi de nous et de la manière dont nous vivons : mens sana in corpore sano) les actes de l’homme le construisent et lui donnent un caractère définitif.
L’homme a vécu en son corps et ce qu’il est au présent annonce un avenir ou une immortalité. Le corps, dans les formes diverses qu’il présente dans sa vie, dit à l’homme l’importance des jours qui passent et des engagements qu’il prend. Le corps est « parabole » permanente de son histoire : ce que suggèrent certaines profondes cicatrices ! L’homme appartient à l’histoire de l’humanité et en même temps il fait l’histoire. L’histoire humaine est aussi son histoire puisqu’en son corps, il y trouve sa place et son temps. Sa liberté n’est ni hypothétique ni virtuelle : elle est incarnée. Tout en les transcendant, elle prend résolument place dans le temps et dans l’espace.
A travers la parabole de son corps, l’homme dit tout un monde intérieur et extérieur : son existence est attestée en ce corps. Le corps humain est d’ailleurs toujours situé dans un univers auquel il cherche un sens et lui en donne. Ainsi donné en son corps, l’homme éprouve-t-il la vérité qu’il ne s’est pas donné son être ? En quoi donc est-il sien ? Le corps personnel rappelle à chacun qu’il est une créature et qu’il est en dette d’existence par rapport à un Donateur connu ou inconnu. Cette dette constitue son être et est à la racine de ses engagements. Je n’ai pas choisi de naitre ou d’être. Je ne suis pas tout puissant. Mais je veux être puissant et me libérer de ce qui m’enchaine. L’homme est le seul vivant capable de vivre ainsi ou du moins de le penser. C’est en son corps également que l’homme éprouve sa différence d’avec tout le monde créé et d’avec tout autre « prochain ».
Ainsi de manière allégorique, l’homme éprouve-t-il à la fois sa différence d’avec Dieu, d’avec les autres créatures, d’avec les autres êtres humains. Le corps dit la profondeur d’une altérité à laquelle l’homme doit consentir. Le corps rappelle de manière permanente cette altérité. Et la conscience que l’homme a de toute altérité naît, grandit et se développe par son corps. Cette conscience peut être endormie, blessée, aveuglée, mais la mémoire du corps ne disparaît jamais totalement et elle est la condition de l’existence consciente de l’homme. Si ma naissance qui ne nécessite pas mon assentiment peut amener à l’immortalité (comme susdit) pourquoi l’impuissance originaire ne pourrait-elle pas déboucher sur une perspective éternelle ? Les croyants ont par révélation l’assurance que si Dieu nous a créés sans nous, Il ne nous sauve qu’avec nous. Et son salut sera vécu aussi au-delà de la mort.
De plus le corps de l’homme est toujours sexué. Cette différence radicale éprouvée dans la rencontre homme-femme renvoie à l’unicité de chacun en son corps. Elle donne la grandeur de l’être humain puisqu’il y reconnaît une double manière d’être personne, créature à l’image et à la ressemblance du Créateur. « Homme et femme, il les créa » (Gn 1,27). Ainsi le corps sexué dit-il l’unicité et la différence de chaque personne. La sexualité peut être blessée ou chaotique en lui : cette condition affectera son être-au-monde. Mais le corps sexué reste toujours de manière privilégiée un lieu d’identification fragile, blessée ou entière. Ainsi le corps sexué offre-t-il une fenêtre de compréhension sur la manière de se donner et de s’aimer. La différence sexuelle est la matrice épistémologique de toutes les autres différences en ce monde créé. Elle est manifestée dans le corps et renvoie tout homme à mieux comprendre les richesses liées à la reconnaissance de l’altérité. La communion n’est pas atteinte hors de l’assomption de cette différence.
Le corps comme lieu éthique par excellence (sens tropologique)
L’homme ne se crée pas lui-même même s’il croit pouvoir créer en laboratoire d’autres créatures qui lui sont semblables[3]. Personne n’a pu demander ou provoquer sa venue à l’existence. Cette « face obscure » de son être n’est que l’envers d’un grand mystère. S’il y a une tache aveugle à l’origine de son être, ce n’est pas par manque de lumière, mais par surabondance de lumière qui dit un acte qui le dépasse : la volonté créatrice de Dieu. « C’est toi qui as créé mes reins. Tu m’abritais dans le sein maternel. Je confesse que je suis une vraie merveille. Tes œuvres sont prodigieuses : oui je le reconnais bien. Mes os ne t’ont pas été cachés lorsque j’ai été fait dans le secret, tissé dans une terre profonde. Je n’étais qu’une ébauche et tes yeux m’ont vu » (Ps 139,13-16).
Ainsi tout être humain est-il confié à l’univers à travers la vie reçue. La prise de conscience de l’originalité de son existence est à la source du dynamisme de sa vie. L’être humain est toujours en dette de lui-même. A qui rendre le don reçu de sa vie ? Il est entièrement libre, mais cet appel de l’origine le pousse à agir bien envers Dieu, les autres, le cosmos. Ce don qu’il est, lui offre la possibilité de se donner durant toute sa vie. Cette dette qu’est son existence ne se paie librement qu’en s’offrant à Dieu et aux autres. Cette recherche du bien à reconnaître et ce désir d’accomplir tout le bien auquel il aspire est la trame de sa vie. Ainsi l’homme en son corps est-il le lieu éthique par excellence. « Comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu’il m’a fait ? » (Ps 115,12) sinon en faisant un sacrifice d’agréable odeur : « j’élèverai la coupe en signe du salut pour la vie éternelle » (Ps 115,13). Toute morale du bonheur est à ce prix. La personne en son corps est appelée à faire tout le bien possible par son corps : son agir est comme « déterminé » par la grâce de son existence en son corps. Le dynamisme moral de l’être humain est inscrit dans son origine et passe par le corps qu’il ne s’est pas donné. Il est créé libre pour se donner. Il est toujours à la fois père de son agir et enfant de ses actes. Le corps est le lieu éthique par excellence.
Le corps est le signe tangible du grand don de la vie à tout être humain. Qui touche le corps, touche la personne. Et quand la personne exprime ses désirs et ses élans pour le bien, elle le fait en son corps et par le corps d’autrui. Par son corps (actes) ou en son corps (pensées), l’homme construit son univers particulièrement relationnel. Il agit à tout instant et ses actes ont un sens : ils sont bons et ils font du bien à autrui. En Eden, l’homme ne pense même pas au mal. Après la chute (Gn 3), l’homme est appelé à discerner le bien qu’il peut faire en son corps et le mal à rejeter. Son bonheur, et celui des autres, est soumis aux actes bons qu’il discerne et pose librement. En son corps et avec la grâce de Dieu, l’homme est capable de faire le bien et d’être libéré de toute attache au mal. Agir en son corps, c’est rendre gloire à Dieu et participer à la bonté et à la beauté de la création. La gloire de Dieu n’est-ce pas l’homme vivant ?
Un corps de vie éternelle (sens anagogique)
L’homme est limité en son corps : son temps de vie sur la terre n’est pas indéfini et son espace est restreint quoi que disent les affirmations transhumanistes. Il éprouve cependant dans les conditions de son existence un désir d’éternité et d’infini. Son corps, animé par l’esprit, dit son désir de traverser les temps et les espaces. Si le corps biologique souffre des affres des blessures, des années qui passent, des maladies qui menacent sa vie, l’homme éprouve déjà sur la terre un désir qui dépasse les apparences de sa réalité corporelle. La conception et la génération de l’enfant élargissent aussi ses propres limites : il voit plus loin que sa vie et son propre corps. Il voit une nouveauté dans l’enfant qui vient et qui prendra sa place. La perception que son corps, même s’il se délite, appartient à l’identité de sa personne, grandit au fil du temps. La vie qui l’habite n’a-t-elle qu’un temps ou bien est-elle appelée à demeurer pour toujours, même transformée, même à travers le passage de la mort et de la désintégration du corps physique ?
L’homme est un être vivant qui ne se résout pas à considérer uniquement sa vie dans ses conditions matérielles et dans le temps métronomique. Un « souffle divin » l’habite (Gn 2,7). L’amour dont il vit, établit déjà le ciel sur la terre et il est une preuve que la personne en son corps n’est pas destinée uniquement à la mort et à la corruption. Ce qui est bon et ce qui est beau, n’est-il pas déjà une manifestation d’une vie éternelle promise ? L’unité de sa personne – cœur, corps, esprit – ne lui semble pas être appelée à disparaître totalement : cette conscience d’une immortalité de sa personne est déjà un signe de possibles « cieux nouveaux et terres nouvelles » (Ap 21,1). Mais cette vie éternelle ne commence-t-elle pas déjà sur la terre ? L’appel des béatitudes est déjà dans les corps humains une lumière de vérité et de bonheur : « Heureux ceux qui sont miséricordieux, ils obtiendront miséricorde » (Mt 5,7). Jésus énonce ces béatitudes comme le signe d’un bonheur sans fin et d’une permanence des actes de la personne en son corps. La résurrection du Christ, premier-né d’entre les morts, nous confirme que l’identité personnelle de chacun est sauvée par le Seigneur. « Le corps est pour le Seigneur. Et le Seigneur est pour le corps » (1 Co 6,13). Cette parole atteste que malgré ses fragilités le corps humain uni à la personne revêt chaque jour une lumière et une gloire particulière qui le préparent à une transformation radicale comme celle que Jésus en sa gloire a accueillie.
Cette évidence du salut de toute la personne apparaît dans le corps de l’Eglise. Tout baptisé, associé à la mort et à la résurrection du Christ, vit d’une grâce qui l’associe à la gloire et à l’éternité. Et cette grâce est présente en lui, se déploie, prend sa consistance malgré les aléas du temps : l’homme intérieur voit son corps acquérir un statut nouveau car celui qui était un homme est petit à petit divinisé dans son histoire singulière. La grâce permanente est éloquente de vitalité et l’économie sacramentelle dit quelque chose d’une présence visible et invisible de Dieu dans le monde et dans les cœurs de chacun.
Les sacrements particuliers que l’homme chrétien reçoit durant son existence l’unifient et établissent un lien d’alliance original entre le corps de l’homme et le corps de Dieu. Lavé et oint de l’onction sainte, nourri du corps et du sang du Christ, purifié du pardon de Dieu, empli d’un Esprit nouveau, guéri intérieurement de ses fautes, envoyés en mission dans le mariage ou la virginité, tout baptisé se voit vivre dans un corps qui ressemble, avec d’autres frères et sœurs, de plus en plus au corps même du Christ sur la terre : son Eglise. Cette divinisation le travaille, le transforme, le bénit, lui permet d’être la demeure du Très-Haut, la demeure de Dieu parmi les hommes. Ce processus de « divinisation » le prépare à vivre en son corps l’expérience du « passage », de sa Pâques personnelle. Cette séparation d’avec son corps physique signe sa mort sur la terre mais non pas la disparition définitive de sa personne ni la fin du lien entre son âme et son corps. Elle lui permet d’être associé définitivement au corps glorieux du Christ et de former en Lui une nouvelle personne sanctifiée en son corps et âme. La personne a vécu de la foi, de la charité et de l’espérance : elle sera désormais complétement à l’image et à la ressemblance de son Créateur et de son Sauveur. Sans confusion, elle est « corps » dans le corps du Christ marquée des signes glorieux du Ressuscité, signes dont les prémices lui ont déjà été accordés durant toute sa vie terrestre.
Résumé
Le corps humain est un mystère : il revêt de nombreuses significations et provoque la réflexion humaine de tous les temps. Il est le symbole par excellence qui donne à penser. A partir de l’Ecriture, il est possible d’entrer dans ce Mysterium. La théologie des quatre sens de l’Ecriture nous permet de rendre compte de manière à la fois précise mais non exhaustive d’un enseignement sur le corps humain. Tous les sens scripturaires renvoient à une transcendance, à un acte du Créateur et du Sauveur qui éclaire la beauté du corps humain et dessine à la fois son existence incontournable et sa destinée éternelle. Le corps personnel est la vraie richesse et l’identité originale de tout être humain. Le corps du Christ qui s’est fait chair de notre chair, donne sa plénitude à l’existence de chaque créature créée à l’image et à la ressemblance de Dieu et sauvée dans le Corps du Ressuscité.
[1] Notre culture est intensément attentive au corps ; pourtant, elle en vient, dans les faits, à traiter le corps de manière superficielle, quand elle refuse de le considérer comme un marqueur de l’identité. Les théories du gender nient la réalité naturelle et profonde du corps pour en faire un a priori de l’esprit. Le plus souvent on suppose que l’unique identité qui compte est celle qui résulte de la perception subjective de soi-même, ce qui est une façon de nous construire nous- même à notre propre image. La rencontre d’une véritable altérité devient difficile à vivre.
[2] Voir le Principe et Fondement de Saint Ignace (Ex. Spi. 21).
[3] Nous pensons à la PMA et à la FIVETE.